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Projet

Kit d'expérimentation n°42

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Kit d'expérimentation scientifique citadin récupéré illégalement par un groupe d'assaut bourbeux contenant :

 

  • Une fiole de produit expérimental techn-auto-générante
     

  • Une fleure bourbeuse aux propriétés auto-génératrices

Test du liquide expérimental sur une carte mère.

Résultat : une abomination informe vomissant de manière incontrôlée ce qui ressemble vaguement à une seconde carte mère. Le tout est complètement inutilisable. Le produit semble donc encore instable et potentiellement dangereux à grande échelle.

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Illustration de la réaction chimique du produit expérimental sur un objet de technologie minérale

Flipbook réalisé par la bourbeuse Lena après découverte du kit d’expérimentation. Il représente ses plus grosses angoisses : le grossissement et développement incontrôlé de bâtiments citadins via le liquide expérimental, envahissants la planète entière jusqu'à son étouffer totalement et l'exterminant de toute trace de vie.

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Histoire

Récit spéculatif d'après l’œuvre de fiction « A l’état de nature », écrit par Damon Knight en 1956.

Jena écoutait le gaie rapporteur donner les nouvelles de la chute de New York. Tout semblait s’être plutôt bien déroulé, les Bourbeux locaux indiquait que 10% des citadins s’étaient déjà acclimatés à leur nouveau mode de vie, surtout les plus jeunes. Assise sur son banc, dans la fraîcheur du soir, le jeune Bourbeuse réfléchissait. Ici, la situation est bien différente, avec toute la Côte Est contrôlée par San Francisco. Ici, les métaux sont dotés d’une énergie bien plus puissante contre laquelle les Bourbeux du coin ont bien du mal à rivaliser. Ici, ils sont oppressés par le pouvoir technologique de la ville qui lance des offensives dans leurs champs et sur leurs maisons pour le moindre prétexte. D’après elle, le seul espoir de voir la cité s’effondrer réside sur la pénurie de métaux, comme celle qui s’est produite de l'autre côté du continent. C’est scientifiquement inéluctable de toute façon. Mais quand ? La jeune fille frissonne en imaginant tout son peuple et son environnement anéanti, avant que ce miracle n'arrive. Chassant ces sombres images de ses pensées, elle se lève et se dirige vers sa chaumière en traînant les pieds. Liam, son aîné de deux ans l’accueil depuis la cuisine.

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« Hey sœurette ! J’ai fait un dahl de lentilles bleues pour ce soir, j’espère que ça te va.

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- Super, merci, ça sent drôlement bon !

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- T’as vu ? Lucile m’a dit qu’ils ont décidé de laisser New York intacte pour en faire un musée, c’est énorme !

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- Des conneries ouais, ils devraient pas faire ça, ça va mal finir, y a aucun doute. Ils feraient mieux d’y foutre le feu et basta.

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- Quoi ?! Mais n’importe quoi ! s’offusqua-t-il, tu imagines tout ce qui serait perdu ? Au contraire, c’est génial leur idée, il faut garder leurs objets pour les exposer, pour expliquer aux gens. On pourrait faire des formations, des voyages scolaires, on pourrait…

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- Mais faut tout détruire ! s’écria-t-elle avec rage. Tu te rends pas compte ? Si quoi que ce soit est gardé, quelqu’un voudra forcément, un jour ou l’autre, s’en emparer. C’est sûr et certain ! Ça rend fou ces machins ! Ça brille, ça vibre, ça chante pour t’attirer dans ces filets, comme les sirènes, et ça te fait perdre toute réflexion censée. N’importe qui pourrait tomber dans le panneau et croire que ces merdes électroniques représentent l’avenir.

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- Et si on rase tout, tu crois qu’il va se passer quoi ? Les gens vont oublier. Alors que si on étudie leurs artefacts, on saura comprendre et expliquer les enjeux à toutes les futures générations. C’est le même principe que ce que je fais tous les jours : on analyse leurs traces pour mieux les connaître. Si on arrive à anticiper comment ils pensent, on aura un avantage tactique indéniable. Plus on saura appréhender leurs croyances, leur éducation, leur culture, plus on arrivera à les faire changer rapidement et facilement. »

​

Levant les bras au ciel, elle s’exclame : « Mais on n’a pas besoin d’eux ! On va perdre combien de temps, d’énergie, de ressources pour les éduquer ? Tu crois qu’on a que ça à faire sérieusement ? Qu’ils crèvent, conclu-t-elle. Ce n'est que ce qu'ils souhaitent aux autres de toute façon.

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- Tu souhaites leur mort maintenant ? Quelle différence entre toi et eux, dans ce cas ? »

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Avec indignation, « La différence c’est que je le fais pour que d’autres puissent vivre ! Ils nous tuent tous à petit feu avec leur indifférence bien cultivée, leurs œillères soigneusement fortifiées au fil du temps malgré les signes évidents de catastrophe imminente. Au diable ton équilibre ! Le continent sera plongé dans le chaos d’un jour à l’autre, autant embrasser ce chaos dès maintenant, j’ai dit. ». Elle prend alors sèchement son bol de lentille et s’éloigne dans l’autre pièce.

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Il soupire. Ils ont déjà eu cette discussion des dizaines de fois, mais c’est toujours pareil. Jena n’arrive pas à saisir tout le potentiel que permet une meilleure connaissance de leurs ennemis. Elle est aveuglée par un ressentiment profond et bien légitime, il en est conscient, mais qui porte préjudice à son jugement. Ou peut-être que c’est lui qui se trompait, qui sait. La rejoignant, il se place devant elle et lui tendit la main. « Viens, dit-il. J’ai quelque chose à te montrer. »

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La curiosité l’emportant sur la rancœur, elle se laissa emmener en silence dans la nuit fraîche. Au quotidien, Liam participait régulièrement à des actions d'interception pour riposter à la menace de la ville. D’habitude, il préférait ne pas en parler, par mesure de sécurité, mais cette fois il ferait exception. Il raconta à sa sœur que son assaut de la vieille s’était révélé être un convoi scientifique, transportant des dizaines de gadgets plus ou moins fonctionnels, devant être testés en condition extérieur. Ils avaient trouvé des terraformeurs, des métonières ou encore des diffuseurs d'ondes, mais les autres gadgets leurs étaient inconnus. Cependant, un objet en particulier avait retenu l’intention du groupe.

« Tu la reconnais ?

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- C’est… Une tir-eau ?

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- Exact, en bien piteux état malgré les apparences. Même si elle a l’air resplendissante, elle ne produit plus une seule goutte d’eau.

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- Et le reste ?

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- Des expérimentations des citadins… »

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Les scientifiques devaient avoir essayer de percer les secrets biologiques de la plante productrice d’eau chaude, connue pour s’auto-générer très rapidement. Leur but devait sûrement être d’analyser ses propriétés pour se les approprier, les modifier, les transformer en processus technologiques reproductibles de façon industrielle. Il devait d’ailleurs s'agir d'une expérience secrète et de haut rang, car toute possession d'un élément naturel était strictement réglementée et très mal vue, pour un tas de raisons évidentes. Liam prit la pipette qui se trouvait devant eux, ouvrit la fiole avec précaution et déposa une goutte du liquide bleuâtre sur un morceau de carte mère qu’il avait sorti de sa poche. Le métal se mit instantanément à se gondoler, produisant une petite fumée épaisse et une odeur violente de calcination. Une forme ressemblant vaguement à une deuxième carte mère sembla émerger du tas informe qui s’était formé, dans lequel se métamorphosait des bouts électroniques de manière disparate et visiblement incontrôlée. Jena retenu un cri d’effroi. Soudainement paniqué, elle prit ses jambes à son cou et rentra d’une traite à son domicile. Les yeux écarquillés, haletante au milieu de sa chambre, ses pensées tournoyaient et résonnaient dans son crâne. Prenant une grande inspiration, elle s’assit à la table en bois qui lui servait de bureau et tenta de contrôler ses tremblements. Une seule chose savait la calmer à coup sûr : dessiner. Fermant les paupières pendant quelques secondes, elle laissa sa main saisir un crayon et trouver son chemin vers les feuilles de papier jaunit. En traçant les traits un à un, elle s’apaisa doucement et se mit à réfléchir un peu plus lucidement. À vrai dire, elle se questionnait maintenant avec une approche froide et détachée, sur la survie improbable de l’humanité, dans l’avenir incertain de la planète. Et elle ne trouvait aucune solution.

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